Deuxième chapitre: la soirée.
J'admire la salle, la plus grande d'Europe, ce que j'ignorais. Elle est immense, une salle de rêve pour les amoureux du cinéma. Les palais en carton-pâte qui se dressent sur les côtés me font penser à l'exubérance hollywoodienne des salles d'antan. Il y a même des constellations au plafond.
La suite, la soirée, d'autres l'ont décrite mieux que je ne pourrai le faire. Mais quelle splendide soirée ! Un compteur commence à égrenner un compte à rebours. Les 3000 spectateurs scandent les chiffres. C'est un pur moment de jubilation collective. Certes, il n'y a pas d'envolée lyrique du rideau à la fin du décompte, mais je m'en fous. Tout est dans l'attente. Savamment dosée ou très mal foutue, ça marche. Un dialogue reprenant la scène où Michael discute avec Walt via l'ordinateur du bunker scelle la complicité du public de Paris avec cet "instant-Lost". Convenu mais bien vu.
Et puis le groupe de rock.
Il est clair qu'on ne s'y attendait pas. Je sais que sa présence a été assez contesté. Mais cette intro surprise m'a plutôt plu, un mini-concert au Rex, ça ne se refuse pas. Bien entendu, j'aurais préféré qu'ils jouent une chanson du groupe de Charlie. Mais lorsque la chanteuse a commencé à fredonner la mélodie de Giacchino, accompagnée de façon minimaliste par la guitarre, il y a eu pour moi un moment de suspension, assez aérien, émouvant: ce morceau est le meilleur de la série selon moi, et j'avais l'impression d'avoir Claire, Jack, et toute la bande près de moi.
Sur ce final, ils ont eu le bon goût de quitter les lieux, après avoir fait finalement très court. S'en sont suivis des extraits faisant monter la pression.
Et puis enfin, Damon Lindelof et Carlton Cuse sont arrivés, sous les applaudissements d'un public debout.
J'ai trouvé l'ensemble des questions pertinent, et les réponses toute aussi passionnantes. La seule chose énervante était que les interviewers posaient parfois des questions en anglais. Pas cool pour les gens qui comme moi parlent l'anglais comme une vache espagnole. Il y a aussi le fameux problème de la traductrice. Il est vrai que ne pas trouver à Paris une interprète ayant vu la série et connaissant son affaire, c'était costaud. Mais bon, elle s'est retrouvée là, et a fait comme elle a pu. Heureusement pour moi, Lou, qui était non loin, m'a rectifié quelques erreurs, comme la fameuse question sur la Foi et la Science.
Pour moi, la seule erreur vraiment grossière dans le questionnaire relevait du fait même qu'on était au festival Jules Verne. Comment n'ont-ils pas pensé à demander s'il y avait un lien entre le roman de Jules Verne, L'ILE MYSTERIEUSE, et LOST ???? Quand on sait que la première partie du roman se nomme "Les Naufragés de l'Air" ! Que le roman raconte le naufrage en ballon de personnes sur une île où se produisent des faits plus etranges les uns que les autres, que le sujet sur la vie en communauté face à la nature et à l'hostilité des autres se retrouve dans la série ? Ca m'a rendu dingue.
Puis a été annoncé la première star de la série. C'était très bien fait: ils avaient repris le plan ou Ben, dans le début de la S3, surveille tout le monde (Jack, Sawyer, Kate) via son mur de moniteurs. On voit Ben de dos, puis l'image se resserre sur l'image d'un des moniteurs, où apparaissait l'invité "surprise".
Evangeline Lily ! Elle est apparue, souriante jusqu'aux oreilles, saluant le public en émoi. J'ai trouvé son sens de la répartie excellent. Son accent anglais mélangé à l'accent franchement canadien rendait plus charmante encore sa jolie voix. Pas intimidé pour un sous, derrière les apparences du moins, elle jouait beaucoup sur ses expressions, comme lorsque on a demandé à Ben s'il avait un penchant amoureux pour elle. Elle s'est retournée vers lui avec un air espiègle et amusant, exagérément questionneuse dans son attitude.
Elle a répondu aux questions avec intelligence et humour, et a insisté avec beaucoup de sincérité je crois sur l'importance de l'humanitaire pour elle. Bref, elle a l'air d'être vraiment sympathique, et futée.
Puis la même mise en scène a introduit Michael Emerson, lui aussi reçu sous une pluie d'applaudissement. Impressionnant.
.Etait-il plus intimidé, ou plus sur de lui que sa collègue ? Impossible à définir, mais son entrée avait quelque chose de spécial. On ne sait plus si Michael joue à Ben tout le temps, ou si on ne voit plus que Ben, mais l'acteur va de pair avec son rôle. Et pourtant, il se met à rigoler d'un rire franc (si, si, Ben rigole !). Et là on sait que le "personnage" a laissé la place à l'acteur, que la carapace a craqué. On découvre alors l'humanité d'un grand artiste, comme pour Lily, et on ne peut qu'avoir de l'admiration devant un tel talent.
Evangeline Lily et Michael Emerson ont aussi discuté avec Damon Lindelof et Carlton Cuse, et ces échanges étaient aussi instructifs qu'humoristiques. Leurs échanges à 4, c'était le grand pied aussi (je me rends compte du sens caché qu'on pourrait attribuer à cette phrase, mais je suis trop fatigué pour revenir en arrière !).
Je ne sais pas comment ceux qui étaient là l'ont ressenti, mais j'ai eu une sensation vraiment
arre en voyant des extraits de Lost en même temps qu'on voyait les acteurs, assis en bas de l'écran. Cette confrontation de l'acteur réel au personnage fictif était impressionnante, et en disait long sur l'art cinématographique, l'art des séries, sur le statut , le travail, le "dédoublement" de l'acteur. Des instants passionnants.
Puis après une assez longue discussion, ils ont quitté la salle, non pas par derrière, mais...par la salle, au milieu de la travée principale, ce qui a permis de les voir de plus près. Emerson et Lily étaient très disponibles, comme les créateurs. J'ai trouvé que c'était un bel hommage au public, par qui ils existent en tant qu'artistes.
J'ai quitté la salle, grisé par cette soirée mémorable, ne regrettant pas mon déplacement. C'était vraiment bien. Une belle journée. De belles rencontres.
Une belle soirée.
Il fallait donc se dégriser en se regrisant. Si vous voulez, je ferai le récit de l'après, pittoresque.
Chapitre trois: la nuit !
Enfin bref, c'était vraiment cool de vous rencontrer, tous. Thank you everybody.