La planification de l'intrigue sur 6 saisons a permis de structurer le déroulement de l'histoire, d'éviter les temps morts et piétinements, avec pour résultat une action plus dense que par le passé, mais la saison prévue à 18 épisodes (contre près de 24 avant), de plus amputée de 4 épisodes par la grève de cet hivers, s'avère au final ridiculement courte. La dose annuel de Lost me paraît fort insuffisante cette année, j'ai l'impression de n'avoir vu qu'une moitié de saison habituelle, de Lost ou autre série. Une saison de 24 épisodes (disons... 24 !) est longue, propose une grosse évolution des personnages et des rapports de force, un paquet de péripéties (enfin point trop n'en faut, genre overdose de Prison Break II). Cet aspect marathon, cette hétérogénéité d'une saison de 24 épisodes m'a manqué cette année, ainsi qu'une paire d'épisode de pause centré sur des personnages secondaires, à la Rose/Bernard ou Nikki/Paulo. Car ces épisodes dispensables étoffaient le squelette de l'intrigue, nous faisaient les nerfs. Je ne dit pas qu'il n'y a pas eut d'épisodes chiant cette année, Kate puis Jack ont été présents pour nous les offrir, mais leur but n'est pas de provoquer une diversion, car ces deux personnages sont théoriquement les héros de Lost (lol qu'est ce que je raconte !). On peut lever le pied sur un Paolo Centric, le personnage est là pour ça. On ne peut pas tourner en rond sur un Kate Centric, qui devrait nous trouer le cul toujours plus haut toujours plus fort pour entretenir la puissance du personnage.
Cette saison est et restera celle du cargo Kahana. L'idée esquissée l'an dernier de fairer poindre les secours du monde extérieur était très excitante, entre espoir, soif de réponses et crainte d'intentions hostiles. On nous balance une bonne louche de nouveau personnages, avec des tronches, de comportements, de profils sympa, les 4 fantastiques sont très intrigants, mais ils n'ont qu'été effleurés et n'ont pas encore servi, le capitaine Gault avait l'air de détenir la clef du mensonge de Bali, mais il est mort, explosé et coulé, donc on peut se mettre nos réponses derrière l'oreille, Minkowski a été un météore, Regina quasi-inutile, Keamy avait l'allure de la bonne baraque et des intentions effrayantes, mais il s'est contenté d'un micro raid aux baraquements avant de passer à la solution finale, comme s'il avait été débordé immédiatement et n'avait plus d'autre solutions. Je m'attendait à une longue guerre mercenaires/insulaires, à l'image des multiples escarmouches avec les Autres et de la constance de leur danger, donc le pétage de plomb de Keamy ne m'a pas paru très tactique.
Du coup, dans la guerre Ben/Widmore, la manche a été facilement et inexplicablement remportée par Ben, alors que l'ensemble des ressources embarquées sur le cargo (scientifiques, soldats, connaissances sur l'île, armes, matériel) me semblait fortement pencher du côté de Widmore. Ben ne pouvait arracher une délicate victoire qu'en s'appuyant continuellement sur sa communauté et en formant une alliance sincère et bavarde en réponses avec les naufragés. C'est un peu le cas, sauf que les Ben arrive à démoraliser une équipe de Mercenaires avec un simple coup de BlackSmoke (Keamy n'est même pas informé, entrainé et équipé pour affronter le monstre de l'île ? Linus ne convainc que Locke de l'aider, et avec leurs actions matériellement très limités (un gus pour tourner une roue) ils écartent l'île de la menace, un appel à l'aide lancé aux Autres leur permettent d'infliger une branlée, y a pas d'autres termes, aux supermercenaires, et la connerie du mercenaire en chef fait tomber, par un effet de domino, les forces du cargo. Quel cocu ce Linus, où quel génie, la guerre de Troie n'aura pas lieu avec un stratège aussi dominateur. J'espère qu'à l'avenir Widmore se montrera plus coriace, plus fort, plus menaçant vis à vis de Ben.
J'avais été spoilié par Télépoche (encore eux) sur le retour de deux personnages, Michael et Libby. Du lourd quoi, de quoi faire des rêves créatifs en attendant la diffusion de la saison. Le cas Michael est assez bien présenté grâce à l'épisode 8, bien que temporellement assez ric-rac (aller retour île/New York en très peu de temps), et une fois sur le cargo, il devient un personnage secondaires, ses actes de sabotages gênent pas mal le Kahana, mais ils viennent de nul part, nous n'avons presque plus de présence de Michael à l'écran, et l'on se demande un peu comment une seule taupe infiltrée a pu plomber à ce point l'équipement du navire et le moral de l'équipage. Nous n'en savons pas beaucoup plus non plus sur les phénomènes rencontrés par l'équipage à l'approche de l'île, sur le pétage de plomb progressif, les suicides, et tout le pan vaisseau fantôme, pourtant magnifiquement initiée avec le suicide de Régina, l'internement de Minkowsi ou la vilaine trace de sang étalée contre un mur n'est pas concrétisée. Globalement le cas des personnages du cargo est expéridié et sous exploité, peut être là encore un mal issu du raccourcissement de la saison. Le retour de Libby est une farce, elle apparait 20 secondes sous forme de vision, voir d'hallucination d'un autre personnage, et ses propres mystères ne sont absolument pas résolus.
Les autres sont oubliés jusqu'au final, et contrairement à la saison III, nous n'apprenons quasiment rien sur eux, alors qu'ils restent encore très mal connus, hormis un très intéressant épisode fourré de flashback de Juliet. Plusieurs vieux perso sont éliminés sans vergogne, le cas le plus sensible étant Rousseau, ce qui augmente le taux d'adrénaline mais nous laisse actuellement orphelin, peut être définitivement, de plusieurs mystères. Widmore devient personnage majeur, mais reste ô combien ambigu, le suspens reste entier quand à ses intentions, méchant ou bouc émissaire injustement accusé par Ben le pervers ?
Le bon vers le futur ne dévoile pas l'issue de la série, au contraire nous nous demandons maintenant qu'est-ce qui se passe entre le jour de la disparition de l'île et le flashforward le plus avancé diffusé jusqu'ici. Toutefois les flashforward nous éloignent de la glorieuse époque de la survie sur l'île, et la nostalgie des deux premières saisons commence à pointer quand je voit les Oceanic 6 vivre leur vie post-crash, essayant tant bien que mal d'oublier ses 3 mois de leur vie.
Ah, je n'ai pas aimé non plus être pris pour un con par les scénaristes durant l'épisode centré sur Sun, alternant flashback et flashforward, mais ça je l'ai déjà dit. En contrepartie, j'ai été bluffé par les audaces scénaristes du centric dédié à Desmond, tout simplement exceptionnel, et le niveau global des épisodes était très élevé. Je garde donc comme impression générale une saison de très grande qualité, mais pêchant sensiblement au niveau de la quantité, le trop grand nombre d'impasse me pousse à descendre la note globale à 7/10, en espérant que les multiples manques et réponses qui auraient eu pleinement leur place dans cette saison IV de structure solide ne soient pas zappés, mais traitées durant les deux dernières saisons... Autant dire que les scénaristes vont devoir se retrousser les manches pour tout caser avant le clap final.
_________________ Checking to see if I'm disapearing...
Back to the future, Man !
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