Pour moi, Lost c'est l'histoire d'un rendez-vous manqué.
Quand j'ai découvert cette série, je pensais sincèrement qu'elle avait le potentiel pour devenir la meilleure série de tous les temps, et ce n'est pas une phrase que j'emploie à la légère. Je parle pas de la meilleure série en comparant aux séries actuelles comme 24, les Sopranos ou autres mais carrément toutes les séries de toutes les époques et tous les pays ("le Prisonnier", "la 4ème dimension" ou même pourquoi pas "Les Vampires" de Louis Feuillade,
), je pensais vraiment que si on réunissait toutes les séries faites jusqu'à aujourd'hui, Lost arriverait premier.
Dans la saison 1, on avait un bon canevas, une bonne intrigue, des mystères, une bonne musique, une bonne réalisation, un bon décor (ah, les vagues d'hawaï... mais aussi les scènes hors de l'île), de bons acteurs, et des personnages nombreux mais variés, aux caractères, aux histoires, aux profils différents mais tous intéressants. Sans compter les techniques narratives originales (flashbacks, etc.)
Bref, il y avait beaucoup, beaucoup de bons éléments dans cette série.
Évidemment, la perfection n'est pas de ce monde, il y aurait eu des déceptions mais je pense que la série aurait pu tendre vers ce but, de devenir la meilleure, à condition que la suite et surtout la fin soit forment un enchaînement et une boucle parfaite.
Malheureusement, ça n'a pas été le cas. Au lieu de continuer à nous émouvoir avec les personnages, d'ébahir nos petits yeux en nous révélant des solutions aux mystères tellement incroyables qui n'y auraient jamais pensé et de terminer en apothéose, sans trop tarder, de façon qu'on n'aurait pu que se dire : "oh non ! c'est déjà fini, je regretterai tellement cette série !"; Lost a tiré sur la corde toujours un peu plus. On nous a retenu devant notre poste (ou écran d'ordi, c'est selon) pendant six longues saisons en nous faisant chaque fois espérer qu'on aurait des réponses au prochain épisode, en introduisant de nouvelles questions sans avoir répondu aux précédentes, en amenant de nouveaux personnages (bon, je regrette pas pour Michael Emerson, mais pour Nikki/Paulo, si), en changeant les anciens personnages, au point de les rendre antipathiques ou artificiellement sympathique (Ben qui a zigouillé tant de monde est un brave gars finalement), en changeant les enjeux de la série comme si ceux du début n'avaient jamais existé (quid des pouvoirs de Walt, d'alvar Hanso et autres Karen de Groot ?). Et quand enfin certaines réponses ont été apportées, elles tombaient comme un cheveu sur la soupe, en particulier pour la saison 6.
Pour ne pas être trop négatif, je dirais qu'il y a au moins une "grande" réponse qui m'a satisfait, celle de la fin de saison 2 répondant à la question : "Est-ce que l'avion s'est crashé ? Pourquoi ? Comment ?" Ça tenait la route, c'était à peu près cohérent et c'était quand même original.
La saison 6, parlons-en. Je m'étais dit que les scénaristes, après avoir vendu tant de temps de cerveau pour Coca-Cola, se rattrapperaient quand même en livrant une saison finale d'apothéose qu'ils nous donneraient une réponse par épisode (si on accumule toutes les questions non-résolues de l'ensemble de la série, ça n'aurait pas été de trop), mais pas du tout ! Non seulement les réponses tardent mais ils continuent dans leurs vieux travers : introduire des nouveaux personnages (Dogen, l'autre hippie...
) et questionner toujours plus les téléspectateurs (mais quel est cet étrange monde parallèle où leurs vies ne sont plus comme avant, pourquoi qu'il est blessé au cou Jack ?). Et les "réponses" qu'on nous a apporté... Noname veut quitter l'île parce qu'il veut quitter l'île, il en est prisonnier parce qu'il en est prisonnier et Jacob a le pouvoir de faire venir qui il veut parce qu'il en a le pouvoir, voilà.
J'espèrais (un peu) mieux.
Tout ça pour nous amener vers ce final sans aucune réponse mais dégoulinant d'émotion bon marché. Mettez quelques scènes rapides des saisons précédentes saupoudrées d'une musique romantique, recommencez dix fois et c'est bon. Le fan transi a les larmes aux yeux. Désolé, pour moi ça marche pas.
La fausse-pendaison de Charlie, La mort de Boone, l'accouchement de Claire, ça c'était de l'émotion pure. Mais quand les mêmes recettes sont réutilisées encore et encore, ça désensibilise quelque peu. Combien de fois avons-nous vu la scènes des retrouvailles sur la plage, avec la musique adéquate et le ralenti opportun ? Dix fois ? Ils l'ont même ressortie pour la saison 6 avec seulement Jack et Hurley retrouvant Sun, Lapidus et Miles (Ilana ne les connaissant pas et Ben étant un ennemi). Combien de personnages importants ont connu une mort tragique ? Ben, à peu près tous.
Il paraît que tuer un personnage fait systèmatiquement remonter l'audience, les scénaristes ont usé et abusé de ce procédé. J'étais finalement bien plus ému lors de la fausse-pendaison de Charlie que lors de son vrai sacrifice qui me semblait inutile à l'histoire (enfin je veux dire, la disparition de Charlie, pas le fait qu'il soit allé dans la station machin). Et les accouchements, tiens ! Ça aussi on l'a vu et revu ad nauseam.
Pour ce qui est des incohérences... Bah, pas la peine de développer là-dessus.
Bref, en conclusion je vais faire comme Lost et ne pas donner de conclusion et vous la laissez imaginer vous-mêmes, amusez-vous bien.
(et puis c'est aussi que j'ai la flemme de continuer).