Le rôle de la séquence de chiffres reste une des énigmes les plus mystérieuses de Lost.
Pour mémoire, le sujet a été traité brillamment par 2X2 il y a déjà quelques mois :
DeuxfoisDeux a écrit:
Ensuite, pour répondre a vos remarques sur l'éventualité de plusieurs réalités, je le répète, ma théorie ne peut etre appréhendé que dans la mesure ou l'on saisit le paradoxe de l'ile.
La réalité de l'ile est en fait une "non-réalité"...Prenons l'experience de Hurley avec l'ile...et gardons à l'esprit que cet exemple est applicable a tout les autres personnages en interaction avec l'ile...
Le lien de Hurley avec l'ile est simple : la suite de nombre 4 8 15 16 23 42...si Hurley n'avait pas entendu le fou citer cette suite à l'asile, il n'aura jamais abouti sur l'ile.
Cette histoire de la suite de nombre 4 8 15 16 23 42 qui va mener Hurley de son asile a la trappe sur l'ile sur laquelle est inscrit 4 8 15 16 23 42, cette histoire a une probabilité de 0 % de se produire !
Ce "0 %" c'est la "non-réalité de l'ile". Cuse et Lindelof ont pour parti pri celui de raconter ce qui par définition ne peut advenir. On peut comparer cela aux Langoliers de Stephen King : King a pour parti pri dans cette histoire, de raconter l'histoire d'un groupe d'individus perdus entre l'instant présent et le passé...Ce qui est aussi un non-sens !`
D’après le jeu “Lost experience”, les chiffres seraient les paramètres de l’équation de Valenzetti. Pour certains, il interviendraient dans le calcul de la durée précédent la fin du monde (mais à partir de quelle date, c’est un mystère), pour d’autres, ils quantifieraient les facteurs de risques pouvant causer l’extinction de l’humanité (épidémies, surpopulation, guerre nucléaire, pollution). D’un autre côté, on peut aussi les considérer comme des allusions religieuses ou mythologiques. 108 (somme des chiffres) est le nombre de répétitions d’un mantra. 42 est le nombre de juges assistant Horus dans le livre des morts égyptiens, etc.
Jusqu’à maintenant, ces explications ont été acceptées faute de mieux, sans qu’on en sache réellement plus sur le rôle exact des chiffres. Ainsi, les fans ont pris pour argent comptant le discours de Hanso sur l’équation de Valenzetti dans la “vidéo du Sri Lanka” qui concluait le jeu “Lost experience”, ce qui supposait d’accepter a priori :
- l’idée que “Lost experience” est bien une partie de l’histoire racontée dans Lost (ce n’est pas certain, on a vu que ce n’était pas vraiment le cas pour le jeu “Find 815” qui a précédé la saison 4);
- que Hanso a dit la vérité (c’est douteux aussi. On ne sait toujours pas quelles étaient ses véritables motivations, mais à l’évidence, les gens de la Dharma ne sont pas les gentils hippies qu’ils ont l’air d’être);
- que le film montré par Mittelwerk à ses troupes n’est pas un faux (mais si ce type est capable d’envisager froidement l’élimination d’un tiers de l’humanité, il est aussi capable d’avoir truqué une vidéo).
Je propose une autre explication, qui est la suivante.
Les chiffres sont l’expression d’un feedback temporel. On nous a raconté qu’ils venaient de l’île et aboutissaient à Hurley (souvenons nous de Sam Toomey qui a capté les chiffres en 1988, les a donnés à Leonard Simms qui est devenu fou par la suite et a été hospitalisé avec Hurley à Santa Rosa).
Je crois que c’est juste le contraire qui s’est produit :
les chiffres sont une information qui a remonté le temps. Dans la “vraie chronologie”, ils partent de Hurley et aboutissent à l’île. Si Hanso et la Dharma choisissent, en 1975,
c’est à dire juste après le départ de Faraday de l’île, de diffuser cette séquence numérique ad libitum et de l’inclure dans le protocole du Swan, c’est parce simplement qu’ils savent que cette séquence va jouer un rôle dans l’avenir. En réalité, ils ne savent pas ce que signifient les chiffres, parce qu’ils ne signifient rien. Et c’est précisément parce que les chiffres n’ont aucune signification en eux même (ni scientifique, ni ésotérique) qu’ils vont exercer un tel pouvoir.
En effet, dans ce cas,
les chiffres sont en même temps l’expression du hasard le plus pur (ils représentent VRAIMENT la combinaison gagnante du loto)
et celle du déterminisme le plus total, puisque Hurley a, de son point de vue, joué une combinaison préexistante.
Comme cette combinaison existait AVANT d’être tirée au sort, elle entre en contradiction avec le principe “WHH” qui implique qu’on ne peut pas modifier le présent en intervenant sur le passé. C’est exactement ce que Mme Hawking a dit et répété à Desmond. Dans ce cas, l’univers corrige le cours des événements pour revenir à la situation qui doit de toute façon se produire. Mais justement, le WHH implique dans le même temps que ce sont bien ces chiffres, et pas d’autres qui doivent être tirés au sort….
Conséquence de tout ceci, le temps ne sait littéralement plus où il habite, et la chaîne de causalités s’emballe. D’où l’invraisemblable suite de catastrophes qui frappe l’entourage du malheureux Hurley tout de suite après sa bonne fortune. En réalité, tout se passe comme si le hasard essayait de s’abolir lui même (une question au passage : Darlton ont-ils lu Mallarmé ?), mais en pure perte, puisque rien, absolument rien, ne peut faire que Hurley n’ait pas gagné au loto.
Tout cela ne dure cependant qu’un temps, puisque les catastrophes s’arrêtent, pour Hurley mais aussi pour sa famille après le crash du vol 815. A cela deux explications possibles
1) ce qui s’est passé est comparable à un pavé dans une mare, ou à un coup de vent qui va provoquer quelques vagues, mais celles-ci finissent par se calmer,
2) le crash du vol 815 est un événement de l’ordre du destin. Une fois que celui-ci s’est produit, la temps est réconcilié avec lui même.
L’utilisation des chiffres par la Dharma relève donc bien d’une expérience scientifique de tentative (réussie) de création d’un paradoxe temporel en dépit du principe WHH, ou plutôt en
pratiquant une stratégie consistant à jouer le WHH contre lui même . Si le WHH s’applique vraiment, toute action rationnelle est vouée à l’échec. En revanche, le WHH ne peut rien contre un hasard qu’on a en fait déterminé en faisant remonter le temps à l’information.
Risquons une hypothèse de plus :
et si ce paradoxe faisait que, dans l’intervalle de temps dans lequel les chiffres sont utilisés, le principe du “WHH” ne soit plus assuré ? Cette période de péril temporel s’écoule précisément de 1975 (diffusion des chiffres sur la tour de la radio) jusqu’à l’implosion du swan en 2004 (soit APRES le tirage du loto, c’est à dire à un moment où les chiffres ne peuvent plus jouer un rôle dans l’avenir) ? Peut être que la Dharma a découvert (éventuellement avec l’aide de Faraday) que cela pourrait entraîner des incidents du même genre que ce qui arrive à Hurley, mais à l’échelle de l’humanité, voire de l’univers entier (tant qu’on y est, autant voir carrément grand). Dans cette hypothèse, la catastrophe magnétique qui semble se produire quand on arrête de rentrer les chiffres serait moins une conséquence de l’incident qu’on voit à la fin de la S5 qu’une conséquence de la situation de paradoxe temporel créé par la Dharma.
Dès lors, ceux qui ont compris la situation (Faraday, Mme Hawking, possiblement Horace Goodspeed) savent qu’ils ne doivent surtout pas tenter de modifier le cours des événements, précisément parce que ça pourrait marcher, mais avec des conséquences très graves. Au contraire, ils doivent, à tout prix, provoquer ce qui doit se produire. Ainsi, Radzinsky, puis Desmond doivent, à tout prix, entrer les chiffres dans l’ordinateur du Swann non pas parce qu’ils ont une action sur quoi que ce soit mais parce que ça a été prévu comme ça, du moins jusqu’à l’implosion du Swann. De même, si Widmore n’intervient qu’après l’implosion du Swann, ce n’est pas, comme tout le monde l’a cru jusqu’à présent, y compris moi même parce qu’il ne savait pas où trouver l’île (il n’avait qu’à demander à son ex), mais parce que, quelle que soit sa haine de Ben, il ne pouvait rien contre lui tant que la boucle temporelle liée ne s’était pas dénouée.
Le vrai problème n’était donc pas “WHH ou EEC”, mais comment faire en sorte que “What will be will be”.
En toute modestie : "WBWB"
Une dernière question, mais je n’ai pas vraiment la réponse est “qui a fait remonter le temps aux chiffres ?”. La réponse (trop) évidente est bien sûr “Daniel Faraday”. On sait qu’il était sur l’île en 2004 et en 1974; lorsqu’il y revient en 1977, c’est avec l’uniforme du Swann, dans le chantier duquel des ouvriers sont en train de graver les chiffres sur la trappe du swann alors qu’il est lui même dans le sous-marin du retour. L’affaire est entendue, il a piloté au moins en partie le chantier du swan depuis Ann-Harbour dans le Michigan entre 1974 et 1977. Radzinski n’en était pas l’architecte, mais au mieux le maître d’oeuvre, et plus probablement le contremaître.
Mais là, j’ai un problème : je ne sais pas comment Hurley a pu apprendre à Faraday l’existence des chiffres, car d’une part, Hurley n’a jamais révélé aux losties le rôle que les chiffres ont joué dans sa vie (il a essayé d’en parler à Charlie mais celui-ci ne l’a pas pris au sérieux) et d’autre part Faraday et lui ne se sont jamais rencontrés. Hurley est parti au village Dharma avec Locke juste avant l’arrivée de Faraday sur l’île et que, pendant toute la saison 4, celui-ci est resté sur la plage avec le camps de Jack.
Le plus vraisemblable est que Faraday a eu l’information par Widmore, qui le sponsorisait avant 2004 et a qui le succès de Hurley au loto n’a pas dû échapper, mais ce n’est qu’une hypothèse, dont j’espère tout de même qu’elle sera confirmé par un flashback en saison 6...