Euh BlogGreen il va falloir revoir ton french, parce que ça pour du hors-sujet, c'est du hors-sujet de compétition...
A part ça (
), merci Zura pour ton conseil, c'est vrai que j'avais même pas pensé à la solution du bloc-notes. Je tenterai ça bientôt.
EDIT
Voilà !!!
J'ai réussi, en passant par le bloc-notes (il a fallu reformater, mais c'est cool quand même, merci encore
Zura).
Voici donc la suite du retour à la Réalité de Sawyer, que j'avais laissé en plan dans une mauvaise passe il y a quelques temps... Une partie courte, avant le dernier morceau.
Et comme d'hab, que ce soit
ou plutôt
, les commentaires sont les bienvenus !
SAWYER
Chapitre 3 , Mauvais Rêve.
Lieu : Le salon de Hibbs, Louisiane, Etats-Unis.
Heure : Tombée de la nuit.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Des murmures dans la pénombre.
"... - James ?..."
Un parfum féminin, doux, fleuri, familier, infiniment rassurant, des rires lointains, le grincement d'une corde de balançoire, des rideaux en organza rouge qui volent un peu contre les vitres propres de la fenêtre ouverte, c'est l'été, un été éternel, James a six ans, les grandes vacances n'ont pas de fin, et le soleil lourd du Tennessee se reflète sur ses cheveux blonds.
' ... James ? Qu'est-ce que tu fais ? Ne t'éloigne pas."
Un chien se met à aboyer au loin, la balançoire grince, une fillette rit, elle est brune, elle est jolie et son nom c'est Evy, James court vers elle pour lui offrir une fleur, une violette fragile qu'il vient de cueillir, elles sont si jolies, la violette, la fille, il court dans l'herbe, attention, pas trop vite comme dit maman, il ne faut pas trébucher, si on trébuche on peut tomber, il court vers elle et les cheveux de la fillette s'envolent haut dans le ciel à chaque mouvement de balançoire, et elle rit encore, perchée là-haut, souveraine.
James a six ans et c'est le plus beau des étés, sa mère -
"... James ! Reviens maintenant, ça suffit."
- est là pour le surveiller, quoi qu'il arrive, le monde ne changera pas, rien ne changera jamais, l'été ne meurt pas, tout va bien, tout va bien.
Le soleil se voile soudain, la lumière s'est modifiée, les volets de la maison cognent plus fort, le parfum s'évanouit, lentement, James se retourne, où est sa mère ?
Elle était là il y a un instant, son sourire, son parfum, sa voix si tendre et toute puissante, où est sa mère ?
Le jardin public est vide , James regarde derrière lui à nouveau, il est seul, le siège de la balançoire remue toujours, mais plus personne n'y est assis, les cordes pendent, mortes, mues seulement par le vent froid qui se lève.
Un grondement de tonnerre roule dans le ciel, tout près, des murmures s'élèvent, derrière les arbres, depuis le sol, portés par le vent, des murmures qui gonflent, terrifiants et incompréhensibles.
James sent les larmes lui monter aux yeux, il grimace, tord ses petites mains l'une contre l'autre, regarde autour de lui, cherchant du regard quelque chose de familier, quelqu'un vers qui courir, des bras dans lesquels se réfugier.
Mais il n'y a personne.
James se met à pleurer, tandis que l'une des voix se fait plus perceptible, et couvre les autres :
"... Sawyer ?"
James sanglote, s'accroupit au sol.
" Sawyer !"
C'est une voix de femme, une voix aux accents familiers, une voix qui tremble un peu, de colère, d'émotion, d'incompréhension. Il fait sombre désormais, la nuit est tombée d'un coup.
Tout résonne dans un écho sans fin.
" Tu fais ça pour que les gens te détestent !"
James hurle.
La voix résonne, mêlée au vent.
" Pourquoi tu tiens tant à être sur ce radeau ?"
James cache son visage dans ses mains, cette voix lui fait si mal, il se sent si triste, c'est un cauchemar et il va se réveiller, oui il va se réveiller c'est sûr, et alors ce sera de nouveau la lumière d'août et le parfum de fleurs et les rires féminins.
Mais la voix ne se tait pas, elle crie désormais, pleine de défi, de déception :
" ... Pourquoi Sawyer ? Pourquoi tu tiens tant à être sur ce radeau ? ... Cette lettre, ... c'est toi qui l'a écrite. Tu avais quel âge ? Ce n'est pas de la peine... c'est de la pitié.... Ce radeau... Sawyer, c'est de la PITIE."
La voix hurle et l'orage éclate alors comme une outre pleine, et la pluie dévale et délave tout sur son passage.
L'univers n'est plus qu'un immense champ de guerre empli d'une fureur blanche et d'un vacarme assourdissant.
Le ciel se referme soudain comme une coquille vide, et tout devient noir.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le silence, l'obscurité.
Sawyer ouvrit les yeux, désorienté.
Combien de temps était-il resté évanoui ?
Il relava la tête et au même instant, alors que la douleur de sa plaie réouverte envahissait son abdomen et son épaule en fanfare pétaradante, il se souvint.
Hibbs.
Il l'avait eu, de nouveau, il l'avait frappé, menacé. Il avait pris son flingue. Et il était parti.
Des heures avaient du passer, car seule une pâle lumière de fin de jour filtrait à travers les volets, révèlant la pièce vide, fantômatique.
Sawyer se releva lentement, ne put s'empêcher de grimacer.
Il ne saignait plus, le sang avait coagulé et presque refermé la blessure. C'était déjà ça.
Hibbs. Fils de pute.
T'as encore gagné une manche.
Il regarda autour de lui, puis d'un pas chaotique et peu assuré, se dirigea vers la porte d'entrée.
Il appuya sur la poignée.
Ouvert.
Poussant le battant, Sawyer sentit l'air frais et humide caractéristique d'une fin de journée dans le bayou.
Il ferma les yeux, huma l'air, fit un pas en avant.
Il hésita.
Hibbs était probablement persuadé que Sawyer allait détaler, terrifié.
Et s'il restait là, à l'attendre ?
Oui, il allait certainement revenir avec des hommes.
Oui, ils allaient le tuer.
Sawyer plissa les yeux. Du sang avait séché sur ses lèvres.
Et alors ?
Après tout.
Et alors.
Sawyer se retourna et entra de nouveau dans le hall de la villa. Il ne ferma pas la porte, observa autour de lui, calmement.
Il avait rêvé, il s"en souvenait presque désormais, mais de quoi ?
Des rideaux rouges pendaient encore aux fenêtres du petit salon, coquet et propre.
Sawyer glissa une main dans la poche arrière de son jean, et des fossettes apparurent sur ses joues, alors qu'il souriait largement.
Il avait une meilleure idée, bien meilleure que de s'offrir en patûre à cette bande de charognards.
Sans se presser, de son pas nonchalant, Sawyer s'approcha de l'une des fenêtres.
Il se souvint enfin d'une image de son rêve : des rideaux flottant dans le vent, des rideaux rouges, comme imbibés de litres de sang.
Cette image le ramena à une nouvelle qu'il avait lue dans son adolescence, qu'est-ce que c'était déjà ?
Un grand bal, donné dans un château alors que la peste sévissait au dehors...
Ah, oui. Poe.
Le masque de la Mort Rouge.
Sawyer sourit davantage encore.
Ahah. Ce que personne n'avait deviné, c'était que la peste elle-même s'était invitée et prenait part aux festivités, dansant parmi les convives.
Sacrée déconneuse, la peste rouge.
Et lorsque minuit retentit depuis la grande horloge d'ébène...
De sa poche il sortit son briquet, qu'il secoua brièvement, machinalement.
Il toucha le rideau, afin d'en éprouver la texture.
Parfait. De l'organza.
Ca va brûler comme du petit bois.
La flamme du briquet sembla bondir pour attraper le tissu, et une immense gerbe bleue naquit immédiatement, parcourut la longueur du rideau, qui commença à se tordre et à crépiter.
Sawyer recula instinctivement, levant une main pour protéger ses yeux, puis il se dirigea vers l'entrée.
Il se retourna une dernière fois, et juste avant qu'il ne referme la porte, les flammes léchaient déjà le plafond.
Sawyer remonta l'allée sans se presser, titubant un peu, comme légèrement ivre, flairant les parfums épicés de la nuit qui tombait lentement.
Arrivé à sa voiture, il regarda une dernière fois en direction de la villa de Hibbs. Seule une fumée noire s'élevant presque discrètement au travers des chènes trahissait le brasier qui naissait à l'intérieur.
Lorsqu'il démarra, une phrase vint à son esprit :
".
. Comme les choses paraissent calmes à la surface de l'eau, alors que quelqu'un se noit au fond..."
Qui avait écrit ça déjà ?
Il fronça les sourcils, impossible de s'en souvenir.
Tu bouquines trop, mec.
Tant pis.
Tout allait partir en fumée, tout allait noircir et s'effriter, et s'effondrer en plaques de poussière.
L'ordre des choses.
Sortant des marécages, il prit de nouveau la direction de la Nouvelle-Orléans.
... Comme ça si tu me cherches Hibbs, tu sauras où me trouver...
Et sa réflexion lui arracha un sourire de nouveau, un sourire désenchanté qui éclaira son regard.
Il alluma une cigarette, qu'il se colla au coin des lèvres, ouvrit la fenêtre, posa l'avant-bras sur le rebord, et appuya sur le bouton "marche" de la radio :
Un air familier envahit l'habitacle, égrénant des notes joyeuses teintées d'une douce mélancolie.
Wash away, Joe Purdy.
Morceau sympa, murmura Sawyer, avant de se mettre à chantonner.
La brise, fraîche et parfumée, caressait son visage, apaisante.
Comme une main de femme.
Finalement, la journée n'avait pas été si mauvaise.
Le soleil disparu quelques minutes plus tard, et seule la lueur rougeoyante de sa cigarette resta visible dans la voiture.
Les routes jusqu'à la ville étaient mal éclairées dans cette parite de l'état.
Après Joe Purdy, il y eut Cat Stevens, avec Lady d'Arbanville, et Sawyer eut tôt fait d'utiliser son volant comme les plateaux d'une batterie improvisée.
Sa blessure le faisait souffir, mais il n'y préta pas attention, ne
voulait pas y préter attention, et après tout,
ce foutu Doc n'est jamais là quand on a besoin de lui, pas vrai ?
Il se mit à rire, chantant de plus belle, monta le son, et appuya sur l'accélérateur.
La nuit de Louisiane tomba pour de bon, fraîche et brûlante, caressante et sensuelle jusqu'à l'écoeurement, et enveloppa Sawyer Ford de son manteau aux couleurs sombres.
..."