Bon je continue pour le week-end... bonne lecture
LA VIE EST AINSI FAITE
A bout de souffle, Charlie ouvrit la porte d’entrée et jeta son manteau aux pieds des escaliers. Il couru s’installer confortablement dans son mini studio d’enregistrement. La lumière tamisée, les couleurs chaudes de la pièce, les instruments de musique, l’ambiance hautement romantique qu’il avait donné à cette pièce lui permirent de retrouver un calme apparent. Il voulait profiter de chaque ligne, chaque mot comme d’une offrande que lui aurait faite Claire. Sa Claire. Maintenant, il en était sûr. Elle était sa Claire. Sinon pourquoi aurait-elle essayer de reprendre contact ?
Mon très cher Charlie, avait-elle commencé par écrire,
Je ne sais pas trop par quoi commencer… Les mots se heurtent dans ma tête, et j’ai peur de ne pas retranscrire correctement ce que je veux te dire.
J’espère déjà que tu recevras cette lettre. J’ai utilisé l’adresse de Cats Prod que j’ai trouvé sur internet.
J’ai écouté ton album. Je l’ai trouvé très réussi. Et je suis très fière pour mon bébé que tu lui ais écrit une chanson. C’est une très belle balade, pleine d’espoir, mais un peu triste tout de même ! Dès que la chanson passe, il me regarde d’un air malicieux. Je pense qu’il pourra compter sur toi, ça me réconforte.
De mon côté, tout va bien. J’ai trouvé un emploi à temps partiel dans un supermarché, pas loin de chez moi. Le temps partiel m’a permis de recommencer des études. Je vais devenir puéricultrice, comme ça je ne pourrais plus dire qu’on ne m’a pas appris ! Qu’en penses-tu ?
Et puis cet emploi nous permet de vivre tous les deux…
En fait, je devrais dire tous les trois. J’ai rencontré quelqu’un. Il s’appelle David. Il est très gentil. Il vient de trouver un emploi au bureau de poste. Il s’occupe très bien d’Aaron aussi. C’est plus facile à trois tu sais.
En tout cas, j’espère que tu vas venir à Melbourne faire un concert. Je viendrais te voir.
Je me souviens de notre « pacte » pour ne plus nous revoir, mais si tu as envie de m’écrire, ce sera avec grand plaisir. Mon adresse est au verso de l’enveloppe.
En attendant de te lire,
Claire.
Charlie ne savait trop quoi penser. Il avait été heureux comme jamais au cours des premières lignes… Claire pensait encore à lui, elle avait écouté le CD, l’avait apprécié mais elle avait trouvé quelqu’un. L’impression qu’elle l’avait remplacé l’envahit. Un sentiment de culpabilité vint ensuite. Si seulement il avait eu le courage d’écrire plus tôt ! Comme pour se punir, il alluma l’ordinateur et cliqua sur l’icône d’internet. Il navigua sur le web à la recherche des pages jaunes australiennes. Les doigts tremblants, il remplit les espaces prévus à cet effet : Claire Littleton / Melbourne. Il déglutit lentement, pris sa respiration, puis, les yeux fermés, appuya sur ENTER. Il n’osât ouvrir les yeux qu’après 5 secondes qui lui parurent une éternité. L’écran affichait : Claire Littleton ; 151 M.L.King st. ; Melbourne VIC 6234.
Charlie s’assit calmement dans le canapé. Il ressemblait à un boxeur touché au plexus, à la recherche de son souffle, pas sûr d’être au bon endroit. Il repensa aux paroles de la balade pour Aaron :
When you will open your eyes
On the world in front of you
If you don’t know where is the light
You will know what to do
When you will walk the first time
Abrasions on your knee
Whatever the ways you’ll see
If you need a hand, take mine
When you’ll fall in love for a girl
If she lets you down and hurts
I’ll run all around the world
To ease your upset heart
When you’ll get your first job
We’ll share a cup of champagne
And forget all of our pain
I’ll be for you what you’re for me : hope.
Il devait positiver. Après tout, elle ne lui fermait pas la porte. Au contraire, elle voulait avoir de ses nouvelles et pourquoi pas, le revoir. C’était normal qu’elle veuille refaire sa vie. Elle devait recréer un cadre protecteur pour son fils. Et puis, le plus important dans tout ça, c’était qu’Aaron se porte bien, qu’il soit enfin heureux et qu’il reste encore un peu innocent. Il avait vécu des premiers jours tellement
arres… Un vrai cadre de vie pour grandir tranquillement. Claire avait raison. Après tout, qu’avait-il à dire à ça ? Il n’était même pas là.
Charlie décida de préparer ses valises pour la tournée qui s’annonçait longue. Les fringues, les bouquins pour passer le temps dans le bus ou l’avion, les accessoires, Charlie essaya de ne rien oublier. Pour en être sûr, il fit un dernier tour de ses armoires, de ses tiroirs… C’est dans un de ces tiroirs qu’il la retrouva. Il avait complètement oublié l’avoir ramenée ! Maintenant, tout lui revenait, les bobards aux douaniers sur son déboussolement pour passer sans problèmes à l’aéroport, sa foi inébranlable qui l’avait aidé à tenir le coup sur l’île… Il eut un rictus sarcastique. Charlie venait de voir une apparition, d’avoir une illumination. Il venait de retrouver sa Sainte Vierge nigériane.
[To be continued]