Dragonsetmerveilles a écrit:
Oui, on sent bien dans cet épisode que même si il s'en sort à la fin, il ne lui reste plus pour longtemps à vivre, sinon on aurait pas eu droit à ce type de FB. Il est vrai que charlie était de toute façon, un personnage assez faible, mais qui a fait vivre la série sur quelques épisodes, un peu comme Anna-Lucia. Il dépannait bien les scénaristes !
Personnellement je te trouve un peu sévère avec Charlie...
Cet épisode ne serait pas aussi chargé émotionnellement si Charlie était un personnage secondaire faible... Rappelons-nous le tout début de la série: il est présenté immédiatement comme un incontournable, et sa relation avec Claire devient très vite un des piliers dramaturgiques de la série. Charlie, qui va avec Jack et Kate chercher le cockpit de l'avion, qui fait parti de la première expédition où les rescapés ont l'agréable surprise de rencontrer un ours polaire, qui sauve Jack enfermé dans la grotte éboulée et où il se libère de la drogue, Charlie l'interlocuteur récurrent de Locke, le paria incompris de la S2, le magouilleur qui aide Sawyer dans son "coup d'état", celui qui tente de raisonner Eko, Locke, Desmond dans le bunker, Charlie, un des seuls à avoir vu le monstre (et avec les évènements du bunker un des plus importants témoins des phénomènes de l'île), et cette saison une trame tout en finesse dans sa relation avec Claire, Desmond...
Pour la première fois un Charlie plus calme, devenu complètement responsable, à l'écoute des autres.
Dans ce sens, je ne dirai donc pas qu'il peut être comparé à Ana-Lucia, qui n'est restée qu'une saison. D'ailleurs je ne trouve pas qu'Ana-Lucia est un personnage faible !
Je me rappelle avoir assez crié ma colère dans le forum quand elle a été évincée. Sa prestation dans "Les Autres 48 Jours" est tout simplement exceptionnelle, et dans bon nombres d'épisodes où elle a une importance première. Notamment le parcours de sa rédemption en filligranne. Mais je t'accorde volontier que les scénaristes n'ont pas utilisé son potentiel, et l'ont souvent employé pour des prétextes subalternes... Alors qu'il y avait tant à faire avec elle.
Charlie est un des personnages majeurs de la série, ambyvalent, aliéné par la drogue, caractériel, mais aussi drôle, caustique, rusé.
Et surtout amoureux. Ce n'est pas Locke qui le sauve (ce n'était qu'à court terme), mais son amour pour Claire. Une relation discrète, du fait qu'on voit moins ces personnages, mais constamment rappelée: l'avant-dernière scène de la S2 était quand même leur baiser, aboutissement d'une longue reprise en main de Charlie par lui-même, et aboutissement d'une relation tumultueuse, où quelque chose dans l'île semble vouloir les séparer (est-ce parce que Claire, selon le médium, doit élever son fils seule ?).
En tout cas dans cet épisode, sa storyline est faite de main de maître. L'idée qu'il écrive les 5 meilleurs moments de sa vie est très émouvante. Les anti-sentimentaux diront que c'est convenu, mais moi je suis un grand sentimental (:dacc:) , et je trouve que tout cela est traité avec beaucoup de hauteur.
Car ce qui frappe le plus tient dans la résignation de Charlie, dans sa capacité à faire un choix définitif. Cette abnégation ne tient qu'à une seule chose: le récit de la vision de Desmond selon lequel Claire va être emmenée en hélicoptère (et par extension tout le groupe des survivants). Alors que tout au long de la saison ses relations avec Desmond étaient à couteau tirés, entre amitié et terreur (ça se comprend), ici Charlie se montre etrangement serein, ce qui pourrait être un comble.
Les flash-backs résument d'ailleurs les autres flash-back consacrés à Charlie: une grande cohérence.
Mais ce qui se devine très vite, et dont j'attendais la confirmation au final, est que le dernier flash-back de Charlie se fera sur l'île. Dans sa rencontre avec Claire.
La mise en scène est d'ailleurs frappante: on le voit déambuler dans son costume de bad guy, avec sa capuche qui dans la S2 le signale (de façon pas très heureuse) comme "période méchante". Il s'arrête, ôte sa capuche (donc signalétiquement parlant devient "gentil"). Il a vu Claire, qui illumine tout, et qui sera sa voie de rédemption ou plutôt d'assagissement, de responsabilisation.
La scène de "paternité" où il parle à Aaron et lui lègue sa bague, puis embrasse Claire, boucle la boucle. C'est limpide, touchant, émouvant, et cela s'inscrit dans la dramaturgie de l'épisode avec une grande résonnance.
Car l'épisode ressemble à ce retour sur soi, sur ses fondations, sur une sérénité retrouvée. En cela le comportement de Charlie est presque métaphorique.
Le groupe, gagné par la suspicion contre Jack, se retrouve autour de lui. Enfin, un plan commun est décidé. Cela n'enlève pas les coups de gueule, les désaccords, auxquels Charlie reste étranger, dans la certitude de l'accomplissement de son destin / devoir, mais l'harmonie est de retour. Tout le monde semble se "retrouver", avec les autres, mais aussi "en soi".
Ceci dit, le magnifique coup de rame dans la tronche à Desmond montre que Charlie aussi sait faire la décision quand cela lui semble nécessaire.
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Bien entendu, un final surprenant vient rompre l'idée que les choses allaient se dérouler comme prévue. Je n'ai pas trouvé que les femmes armées jusqu'au dent qui coincent Charlie ressemblent au type Rousseau. Elles me font penser plutôt aux hommes qui dans l'épisode précédent déciment l'équipe Dharma.
Bref, un très grand épisode.