Troisième centric d'affilé cette saison, mais cette fois-ci sur un personnage moins central que Locke ou Jack. Deux ans et demi après, Sawyer a finalement le droit à son centric, et il commence plutôt bien, d'abord avec un aperçu rapide de la statue aux quatre orteils qui ne sert malheureusement que de repaire dans le temps. Locke tourne la roue, et on revient finalement donc à l'époque Dharma. Et le son of a bitch d'intro lance bien l'épisode: Sawyer, personnage dont le grand intérêt (le seul?) réside dans le fait qu'il n'a que faire de la mythologie du show, n'est autre qu'un des principaux responsables du système de sécurité de la Dharma ( There's a new sheriff in town! -- il a finalement eu ce qu'il voulait ). C'est drôle et astucieux, mais ça laisse quand même un drôle de gout dans la bouche, et on continue d'espérer que la série n'exploitera pas trop le principe de la boucle temporelle pour remplir les trous de sa mythologie.
Le reste est plus ou moins attendu, se concentrant sur deux choses en particulier: d'un côté la vie romantique de Sawyer, de l'autre Amy et Horace. Pour l'aspect romantique de l'épisode, c'est plus ou moins bien géré, et j'attendais un peu que Sarnoff retravaille sur un épisode mettant en avant Juliet. Voilà, la saison 5 encore une fois laisse beaucoup de possibilités, donc évidemment qu'un des couples principaux soit séparé à la fois dans l'espace et dans le temps, évidemment ça donne envie de faire un épisode qui traitera un peu plus en profondeur ça. Bon Desmond pendant ces trois ans sur l'île a jamais craqué pour Kelvin, alors peut-être doit-on en déduire que Kate et Sawyer ne partagent peut-être pas le grand amour... la fin de l'épisode, dont la mise en scène est un peu trop appuyée, laisse quand même planer le doute, et là, LaFleur aurait beau été le meilleur épisode du monde, ce genre de fin est lourdingue. Non pas que Lost se doit de nous délivrer un cliffhanger à chaque épisode, mais terminer en mettant encore et toujours le triangle amoureux en exergue, ça devient assez insupportable. LaFleur n'était pas un épisode raté, mais Lost est arrivé à un stade ou son ambition est tel qu'il est difficile d'accepter de voir un épisode de ce genre se terminer d'une façon si attendue et sans aucune variation par rapport au registre initial de l'épisode. Mais il est toujours intéressant de voir qu'une fin de ce genre dans Lost ne constitue pas forcément un aperçu des choses à venir et n'est seulement que le dernier instant passé en compagnie du personnage dont l'épisode traitait. On verra par la suite, mais en tant que tel LaFleur me parait être un épisode légitime. Le personnage de Juliet reste aussi un grand point fort de l'épisode, et il est bien triste de voir qu'elle reste encore une fois The Other Woman... j'attend avec impatience de la voir se donner à Ben par désespoir.
Et donc l'autre sujet de l'épisode, c'était autour d'Amy et Horace, qui évidemment d'une part servait comme point de repère par rapport à l'intrigue personnel de Sawyer, et ensuite de remplir un peu la mythologie. Et après The Life and Death of Jeremy Bentham, cet épisode a aussi beaucoup traité de la vie et de la mort. D'abord à travers ces corps qui semblent utiles aux natifs, et qu'ils semblent primordiales d'enterrer. Là Lost apporte une petite pierre à son édifice assez intéressante pour relancer les débats, car on repense évidemment aux corps de Christian, Yemi et aujourd'hui même Locke qui eux n'ont jamais été enterrés et sont apparus dans des visions ou ont repris vie. On peut aussi repenser aux corps de Alex, Rousseau et Karl qu'on avait retrouvé enterré sans qu'on ne sache qui avaient pris le soin de le faire, et de Miles les déterrant et accédant peu à peu à leurs conscience. La mort, toujours, avec les deux natifs que tue Sawyer, et dont les coups semblent partir tout seuls et ôter automatiquement la vie des victimes, un peu à l'inverse de ce qu'on voyait avec Michael et la balle qui cette-fois ci refusait de partir. Sawyer devait intervenir, comme le répète un Faraday bien abattu, Whatever happened, happened.
La vie ensuite, avec ce mystérieux bébé. Parce que si Sawyer sauve la vie d'Amy et qu'on reste autour d'elle pendant tout l'épisode, c'est aussi et surtout pour traiter de ce bébé. Comme Locke, il a frôlé la mort la plusieurs fois vie et tout poussait à croire qu'il n'aurait pas du voir le jour, pourtant c'est le cas, et cela laisse supposer que c'est car il a un rôle très important à jouer. Et quand Juliet annonce qu'il est née sans probleme et que c'est un garçon, je m'attendais presque à ce qu'on nous annonce qu'il porte le doux nom de... Jacob. Son père est Horace Goodspeed après tout ( excellent Doug Hutchinson, le personnage devient de plus plus intriguant ), le constructeur de la cabane de Jacob. Un homme qui, comme Ben plus tard, ne semble pas se sentir à sa place dans le camp et part la nuit une bouteille à la main. Et je le soupçonnerais presque d'être déjà en relation avec certaines personnes étant sur l'île bien avant la Dharma, d'avoir peut-être déjà commencé à construire la cabane, et de déguiser volontairement ses sorties nocturnes pour des petites escapades arrosées. Son personnage reste quand même difficile à cerner, surtout qu'il est finalement encore plus important au sein de la Dharma que ce qu'on pouvait croire dans The Man Behind the Curtain, puisqu'il en est le porte-parole dans la discussion engagée avec les natifs.
Et sinon, c'est plutôt cool de voir Patrick Fischler et Reiko Aylesworth passer ( d'ailleurs maintenant que j'y pense, son fils, ce n'est pas Jacob, c'est Tony Almedia... he wasn't supposed to die! ).
Pour finir on en revient toujours à la boucle temporelle, avec l'apparition de Charlotte à la fin d'une scène très sympa entre nos voyageurs assis autour d'une table dans Otherville, refaisant le monde et évoquant de vaste sujets tels que le voyage dans le temps... et c'est toujours cool de voir ce genre de scène dans une série où les personnages ont tellement été fermés aux autres et ne leur révélant jamais quoi que ce soit. Mourir semble avoir changé ça avec Locke, peut-être que voyager dans le temps est une expérience tout aussi libératrice. Des échanges, de la compassion, des rapprochements, de l'amour... Alors, quoi, après tout ces drames, tout va bien finalement? Généralement il suffit de poser la question pour découvrir que quelque chose arrive...
Il est quand même effrayant de penser qu'ils sont là tous avant même l'existence des vidéos des stations Dharma ou même le fameux accident ( et plus on s'en approche, plus il commence à devenir clair que les losties en sont eux mêmes responsables ). Enfin il est rassurant de voir que si la saison 5 utilise ce principe pour booster sa narration, et je suppose que ce sera le cas jusqu'au season finale, il restera encore l'ultime saison par la suite, et si le principe de boucle temporelle aura été utilisé pour justifier l'histoire de la Dharma Initiative, on peut supposer qu'il n'en sera rien lorsqu'on touchera à l'underworld de la série. Cette saison est quand même rondement menée, parce qu'on n'a le sentiment de ne pas perdre une seule seconde et de foncer vers la conclusion de la série, alors qu'on reste pourtant encore assez loin à mon avis de sa finalité.
Bon maintenant il était peut-être pas très judicieux de placer la pause après cet épisode, et il semble clair que la deuxième partie de la saison commencera dans deux semaines. La première était quand même très, très satisfaisante.
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